« L’argument décisif utilisé par le bon sens contre la liberté consiste à nous rappeler notre impuissance. Loin que nous puissions modifier notre situation à notre gré, il semble que nous ne puissions pas nous changer nous-mêmes. Je ne suis « libre» ni d'échapper au sort de ma classe[sociale], de ma nation, de ma famille, ni même d'édifier ma puissance ou ma fortune, ni de vaincre mes appétits les plus insignifiants ou mes habitudes. [ ... ] Bien plus qu'il ne paraît « se faire », l'homme semble « être fait » par le climat et la terre, la race et la classe, la langue, l'histoire de la collectivité dont il fait partie, l'hérédité, les circonstances individuelles de son enfance, les habitudes acquises, les grands et les petits événements de sa vie.  Â
Cet argument n'a jamais profondément troublé les partisans de la liberté humaine : Descartes, le premier, reconnaissait que la volonté est infinie et qu'il faut « tâcher à nous vaincre plutôt que la fortune . » Â
Â
Â
Â
Jean-Paul Sartre.Â
Â
Â
Â
Â
- Quelle est la question que l’auteur se pose dans ce texte ?
- Parmi les thèses suivantes, laquelle Sartre soutient-il ?Â
- Nous sommes déterminés par notre environnement et rien ne permet donc de dire que nous sommes libres. Nous sommes tous soumis à un destin dont nul ne peut espérer s’affranchir, car nous dépendons nécessairement de notre naissance, de notre classe sociale, de notre famille et même, plus généralement, de la nature.Â
- Notre volonté étant infinie, nous avons un pouvoir absolu sur les choses et rien d’autre que notre volonté ne nous détermine. Nous sommes parfaitement indépendants de la nature et des autres.Â
- Ce n’est pas parce que nous sommes déterminés par notre environnement que nous ne sommes pas libres. Etre libre ce n’est pas agir indépendamment du monde, mais faire face au monde en s’améliorant soi-même.Â
 Â
Â
Â