Un argument peut être appréhendé en tant qu'opération de justification ou en tant que produit de cette opération. Mais qu'en est-il d'un contre-argument? Cet article est fondé sur l'hypothése qu'il existe une opération de négation argumentative, équivalent á la fois argumentatif et négatif de l'opération de justification. La justification et la négation argumentative portent nécessairement sur des assertions, car elles agissent au niveau des modalités épistémiques des énoncés. Un contre-argument peut alors être décrit, en tant qu'opération, comme l'application d'une négation argumentative, et, en tant que produit, comme un argument dont la conclusion porte la trace d'une modalité négative. Deux catégories d'usages de la négation argumentative sont ici distinguées: la contre-argumentation et la mise en cause. Si la premiére ne peut enchaîner que sur des énoncés conclusifs assertifs, la seconde peut aussi enchaîner sur des directifs ou des commissifs. Ceci conduit les auteurs á introduire la notion de pseudo-argument, á côté de celles d'argument et de contre-argument. On montre en particulier que dans le rejet d'un pseudo-argument, la négation argumentative a pour effet de faire apparaître un argument sous-jacent. Relativement á ce dernier elle fonctionne comme une contre-argumentation, tandis que relativement á l'acte illocutoire accompli par l'énoncé conclusif, elle fonctionne comme une mise en cause d'une condition de satisfaction de cet acte. Cet article définit en outre certaines caractéristiques de l'argument, propose des critéres d'identification de la négation argumentative dans les conversations polémiques, et distingue quatre modes de contre-argumentation.Â
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Denis Apothéloz, Pierre-Yves Brandt et Gustavo Quiroz
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A cœur vaillant rien d'impossible.